Comment ne pas être troublé par la nouvelle chanson de Michel Delpech ? « Voici la fin de mon chemin sur terre/Je suis à toi, accueille-moi, mon Père/Voici mon âme, séchez vos larmes, mes frères/Je m'en vais là où brille la lumière », fredonne l'artiste dans cet enregistrement qui remonte à 2008 mais n'est dévoilé que ces jours-ci.
Le chanteur de 68 ans y évoque la mort, alors qu'il sort tout juste victorieux de deux ans de combat contre un cancer de la langue et de la gorge provoqué par des dizaines d'années de tabagie active.Dans « Dolly Bibble et la plus belle histoire du monde », un conte musical imaginé par l'animateur Jérôme Anthony, Michel Delpech interprète « la Chanson d'Abraham » sur une musique de Claude Morgan et les ultimes paroles de Pierre Delanoë, décédé fin 2006. A l'occasion de la sortie de ce livre-disque pour enfants, où il côtoie Hugues Aufray, Natasha St-Pier, Amaury Vassili, Tom Novembre ou Dave, il nous parle pour la première fois de sa guérison et de ses projets. Avec pudeur et courage, car il souffre encore lorsqu'il s'exprime et craint d'être mal compris.
Comment allez-vous ?
MICHEL DELPECH. Je vais mieux, je peux même dire que je suis guéri, même s'il faut toujours attendre cinq ans de rémission pour en être totalement certain. Je n'ai pas été opéré, car c'était inopérable. Je n'ai pas encore retrouvé mon élocution normale, c'est le seul point noir de l'histoire. Il faut que je fasse de l'orthophonie pour remettre tout ça en place et cela prend beaucoup de temps. Après deux ans de traitement, il faut aussi que je retrouve l'énergie. J'ai préféré parler de ce disque auquel je tiens plutôt que de rester cloîtré chez moi. Mais je ne suis pas encore au point de ressortir le soir.
Pourrez-vous rechanter ?
J'espère, mais je n'ai pas de certitudes. D'abord, j'aimerais reparler normalement. C'est parce que je finissais mes concerts épuisé avec de graves maux de gorge que l'on a décelé le problème. Mais par chance, mes cordes vocales ont été totalement épargnées. Je fais régulièrement des essais en studio, des exercices vocaux sur mes chansons, cela revient doucement. C'est ce qui me fait penser que si mes problèmes techniques sont résolus, il n'y aura pas de problème de voix.
Quand vous chantez « Voici la fin de mon chemin sur terre », cela fait un drôle d'effet...
Je comprends que l'on soit troublé. Ceux qui travaillaient sur le mixage de la chanson l'ont été aussi. Ils ont même dû abandonner pendant un certain temps car cela évoquait trop de choses.
Avez-vous envie de rattraper le temps perdu ?
Curieusement, la maladie n'a pas changé ma vision de la vie, je ne me dis pas : vivement la prochaine gorgée de bière ! D'ailleurs, je n'ai pas encore retrouvé totalement le goût. Pendant tout ce temps, j'ai aussi été très entouré. Ma famille, mes amis, mes copains artistes, tout le monde a été très aimant. Bénabar, qui est un ami intime, a toujours été là. Beaucoup de gens, célèbres ou anonymes, que j'avais pourtant perdus de vue, ont pris de mes nouvelles. Cela m'a beaucoup touché. Je veux juste retrouver ma voix et l'énergie nécessaire pour finir l'album que j'avais commencé avant d'être malade. Nous étions au tout début du processus, nous avions enregistré une chanson, j'en avais écrit quelques autres. Depuis deux ans, j'ai écrit un livre, j'en ai commencé un second de souvenirs et de réflexions, mais je n'ai pas fait de musique du tout. J'avais aussi une proposition pour jouer dans une comédie musicale que j'ai dû laisser en suspens.
La scène vous manque ?
Remonter sur les planches, c'est mon grand objectif. Je suis impatient, le public me manque. J'espère que ce sera l'an prochain.
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