L’émission de référence du grand reportage français fête jeudi soir ses 20 ans à l’occasion d’une soirée exceptionnelle enregistrée à la Pyramide du Louvre. Vingt ans, plus de 2.000 reportages, 4 millions de téléspectateurs en moyenne, 80 récompenses… Envoyé spécial a remporté le pari de l’audience et de la qualité et résiste à une concurrence audiovisuelle sans précédent (Enquête exclusive sur M6, Spécial investigation sur Canal+, etc.). Explications en quatre points.
De l’international au quotidien
"Nos fondamentaux restent les mêmes, nous racontons le monde à travers l’homme", explique Françoise Joly, co-présentatrice. Une ligne éditoriale dans la continuité de celle défrichée à partir de 1990 par Paul Nahon et Bernard Benyamin: le grand reportage de référence en prime time. Chaque semaine, Envoyé spécial ambitionne de refléter les préoccupations d’un monde en mutation. Les émissions des débuts étaient axées sur l’international (avec les guerres). Aujourd’hui, elles sont souvent plus centrées sur le quotidien des Français (avec la crise), tout en conservant une dimension "planétaire".
L’influence de la télévision
Le duo féminin actuel d’Envoyé spécial, Françoise Joly et Ghislaine Chenu, reconnaît que le rapport du téléspectateur à l’image a considérablement évolué en vingt ans: "L’irruption de la télé-réalité a imposé une forte demande de séquence en live, explique Ghislaine Chenu. Cela influence notre manière de monter les reportages, nous faisons moins d’alternance interview-image, nous coupons moins les séquences afin de montrer nos personnages en situation."
L’écriture à la première personne
"Avec la démultiplication des sources d’information, le public est aussi devenu plus exigeant, explique Paul Nahon. Il sait si on le trompe ou pas." Envoyé spécial revendique une signature. "Les téléspectateurs ont un œil de plus en plus exercé. Nous avons introduit l’écriture à la première personne*, c’est une manière d’affirmer une subjectivité, notre regard ", analysent les "filles", comme on les surnomme en interne.
Une soirée: 250.000 euros
Le "style" Envoyé spécial se traduit par la prise de distance face à un monde bombardé d’informations. L’émission continue à mobiliser une grosse centaine de journalistes à l’année (de France Télévisions ou d’ailleurs). Tous mettront de deux à quatre mois pour réaliser leurs sujets. Le budget d’une "soirée" n’évolue pas: 250.000 euros
http://www.lejdd.fr/Medias/Television/Actualite/Vingt-ans-de-succes-pour-Envoye-special-196665
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